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Papillons

 J'ai un jardin en dedans de moi. 

Un jardin que j'entretiens mal. 

Parce que j'aspire trop à y garder des papillons. 


J'ai planté de belles plantes où les chenilles pouvaient y faire leurs cocons. 

Mais à vouloir les voir arriver trop vite, 

Dans l'excitation, 

Dans l'impatience, 

Je les ai brisé, 

Je les ai tués. 


J'ai planté de belles plantes pour que les chenilles viennent les manger. 

Je me suis souvent trompé de chenilles. 

Parfois je les ai confondues avec des vers qui ont tout bouffé, 

Tout ravagé. 

C'était dur après de recommencer. 


J'ai tellement voulu attirer les papillons que j'ai planté n'importe quoi. 

Flashy en dessous d'un make up trop forcé

Avoir l'air d'une pivoine fanée. 

Le parfum d'une rose rance dans la slush salée d'un fossé d'un printemps tardif et bouetteux. 

S'habiller de geotex de mauvaise qualité,

En paillis de cèdre teinté brun-orangé,

Pour bien étouffer ma nature en dessous. 


Des fois, je voulais tellement laisser de la place aux papillons que j'essayais d'éradiquer tous les autres insectes qui auraient pu leur nuire. 

J'ai étendu du round up partout autour de mes plantes. 

Un round up au label "auto sabotage" "peur de s'engager" "co dépendance" ou encore "passé crissement pas réglé - mais bien orthographié-".

J'avais pas catché que ça tuait les papillons avec.  

Mais je blâme le produit plutôt que de reconnaître mon erreur. 


C'est arrivé quelques fois que j'ai réussi à en avoir, des papillons. 

Ma petite fille intérieure était soooooo contente! 

Elle criait, elle sautait, elle riait dans le jardin, 

Dans sa petite robe rose, 

Mais la réalité, c'est qu'un papillon, ça vit pas ben ben longtemps. 

On dit d'un jour à 9 mois, avec une moyenne générale d'une couple de semaines. 


Quand c'est pas le truck de la réalité qui passe en fou pis qui les écrase toutes dans son grillage avant. 

Dans ces cas-là,

Ma petite fille intérieure les pleure longtemps. 


Des fois je croise une autre personne passionnée des papillons. 

Mais souvent les gens oublient que ça dure pas longtemps, un papillon. 

Moi aussi, d'ailleurs. 

Pis des fois on oublie que quand ils meurent, tu fais juste recommencer. 

Que c'est long,

Que c'est rough. 

On se dit que si les papillons sont morts une fois, ils vont mourir encore,

Faque on se protège pis on bétonne notre jardin. 

Comme ça ils reviendront pu jamais, 

j'en verrai pu, des osti de papillons, si je peux pas en avoir pour l'éternité. 

Je vais gaspiller mon eau pour laver ma nouvelle entrée asphaltée pis appeler ça "cherche une relation simple", quand, dans les faits, j'ai juste pu de fleurs à t'offrir. 


Mais la réalité, 

C'est que je devrais juste me contenter d'entretenir mon fucking jardin. 

Je devrais aussi laisser mes plantes sauvages pousser. 

Laisser la chicorée et les verges d'or prendre le dessus de mon échec de geotex. 

Parce que c'est beau, aussi, la nature incontrôlée. 


Rétablir mes racines. 

Laisser le vent me parler. 

Aimer, tous les insectes qui vont se présenter. 

Lâcher prise sur mon jardin organisé. 


Me coucher dans les buissons pour mieux écouter le son du vent. 

Les papillons, c'est juste une affaire de temps et de saison. 

Ils font toujours juste passer,

Occupés à aller ailleurs,  

Mon jardin, lui, y va rester. 


Couchée dans mon buisson, 

je profiterais de mon beau temps 

pour finalement, enfin, seulement regarder passer les papillons. 

 


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