Bouffe de famille: Dominos

 Quand j'étais plus jeune je lisais vraiment beaucoup. 

Souvent, je lisais vraiment tard le soir.

Ça paraît que j'étais jeune, parce qu'asteur, si je lis plus tard que 23:00, j't'aussi scrap qu'un lendemain d'brosse qu'y a mal viré, rendue au p'tit matin. 

Bref. 

Je sais pu trop j'avais quel âge, mais je me souviens qu'il était tard et que j'étais plongée dans un livre. 

Ça devait sûrement être passé Noël, parce que ma soeur aînée est rentrée dans ma chambre avec le Tupperware rectangulaire au couvercle turquoise contenant ses précieux dominos en me demandant: "T'en veux-tu?" 

Pis j'ai dit "ben oui". 

Elle s'est assis sur le bord de mon lit et on a mangé quelques dominos.

On s'est pas tant parlé, on a pas fait grand chose de significatif, mais je m'en souviens. 

Probablement parce que c'était vraiment random. 

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J'aimais les dominos juste correct. 

J'pense que je disais que j'aimais ça parce que soeur J TRIPPAIT RARE sur les dominos. 

Mais reste que je trouvais que ceux de ma grand-mère était moins bons. 

Pour pas grand chose, en plus: elle faisait la forme de dominos avec du glaçage au sucre en poudre dessus. 

Faut croire que c'était assez pour perturber mes papilles, parce que, sans nécessairement m'en méfier, je les aimait moins que ceux de ma mère. 

Pourtant, ils venaient de la même maudite boîte Nanaïmo de la marque Robin Hood, probablement prise dans la même épicerie. 

Mais quand on dit que les plus petits détails font la différence, j'imagine que c'est le même principe qu'une sandwich coupée en ti-triangles, qui a pas la même saveur qu'une sandwich entière, sauf qu'ici, c'est le principe visuel de vraiment donner l'apparence de dominos aux dominos qui faisaient que c'était moins bon. 

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BTW, j'ai jamais compris pourquoi sur la boîte c'est clairement écrit "Mélange à barres Nanaïmo" pis qu'on appelait ça des dominos. 

Je me demande si c'est pas un power trip de séparatistes, puisque les barres ont été popularisées au Canada à la fin des années 80 avec l'expo universelle en 1986 à Vancouver. 

Genre "On est des francophones asti, Vive le Québec libre! On aime se crisser c't'affaire là dans yeule, mais on appellera pas ça du nom d'une ville d'anglo du Canada certain, caliss!!!" 

Paraît d'ailleurs que l'appréciation de la tite barre 3 étages vient bien plus haut dans le palmarès que l'appréciation du Cherry Blossom, ce qui ne m'étonne point, puisque le Cherry Blossom, c'est pas mauvais, mais c'est pas si vargeux non plus, disons-le. 

Y'a aussi autre chose d'intéressant avec les dominos; c'est que la longue préparation en faisait un dessert de prestige dans le temps. Genre: "R'gardez moi les filles! MOI j'suis pas une vile ouvrière! MOI j'ai du temps pour cuisiner des dominos! Who's the real bitch now?!?" 

Pis asteur c'est pu rien qu'une boîte Robin Hood que tu mélange. 

Un trio de tites poud' ensachées dans lesquelles tu mets juste une coupe d'affaires pour liquéfier tout ça pis whop! Woilà, dominos pour tout l'monde, merci bonsoir! 

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Ma mère fait ses dominos avec la tite boîte Robin Hood. De mémoire, me semble qu'elle en a fait maison une seule fois, mais je ne sais pas si elle ne les a jamais refait parce que ma soeur y retrouvait pas le p'tit goût de Robin Hood (comme quoi, y'a du monde qui aiment manger du Robin) ou si c'était juste trop de job. 

Mais ma mère, fière représentante de sa génération, passe des soirées complètes à cuisiner des quantités ben trop grosses de pleins de toute sorte de desserts qu'on sert en toutites portions pour Noël. 

À défaut de prendre du temps pour un seul dessert à trois étages, elle en prend pour en faire un truckload. 

Je sais pas si c'est le transfert de prestige qui est passé du fait d'avoir du temps, à avoir de l'opulence. 

Mais bon, j'imagine que quand t'es occupé à cuisiner non seulement les tites boules de rice krispies, les carrés choco-peanut-guimauve-rice krispies (WTF d'ailleurs le trip des rice krispies dans toutes les desserts à Noël? J'suis certaine que c'est là qu'ils réussissent à faire leur chiffre d'affaire annuel, esti), les espèces d'affaires au chocolat au cornflakes pis des galettes au carottes avec le glaçage au sucre à'crème, tu te dit que Robin f'ra ben l'affaire.  (Ça pis, bien évidemment, toute la bouffe du réveillon à cuisiner, en plus)

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Comme j'ai dit, je trippe pas tant sur les dominos. 

C'est trop sucré, pis la bonne texture est dure à avoir.

Ma mère les range au congélateur. Je sais que soeur J les aime ben gelés (les dominos, pas elle. Mais r'marque qu'à devait les aimer sur un trip bouffe ben gelée aussi). Moi ça gosse, les étages ont toute des consistance de gel différents pis c'est weird en bouche. 

Pis quand ma mère les sort à Noël, ils deviennent hyper mous quand ils tombent à température pièce (faut mentionner que la maison de mes parents est à minimum 25 degrés tout l'hiver --- mon père chauffe le poêle à bois en esti, faque c'est peut-être pas tant représentatif---) ça beurre toute les doigts pis c'est juste un fouerra dans ta bouche, faque c'est pas tant intéressant. 

J'imagine que c'est comme un avocat, c'est dur pendant 1000 ans pis suffit de cligner des yeux pour qu'ils soit déjà mou pis brun-noir AF. 

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Je sais pas vraiment comment conclure ce texte là qui fit pas vraiment avec les autres de ce blog-ci, mais ma boss parlait de notre relation à la nourriture aujourd'hui, et ça m'a donné l'idée. 

Pis en même temps, je comprends pas vraiment pourquoi, après plus ou moins 25 ans, je me souviens juste de ma soeur qui s'est pointé dans ma chambre dans nuit pour m'offrir de manger des dominos avec elle. 

Peut-être parce que c'était, justement, juste ça. 

On partageait des dominos, pis c'était juste ça l'important à ce moment-là.  

ERRATUM: Ma mère a mentionné qu'en fait, elle faisait ses dominos maison plus souvent que ce que je me souvenais. My bad, m'man! 

Faque ma mère est mieux que la tienne, parce qu'en plus de faire trop de bouffe en tites portions pour Noël, elle prenait le temps, telle une bourgeoise de Nanaïmo des années 50, de les faire elle-même. :P