Ce midi, je pleurais dans la cuisinette de la job.
Une job de laquelle j'ai voulu partir à partir du moment où j'y ai mis les pieds.
Une job qui est arrivée trop vite, que j'ai pas pris le temps de réfléchir.
Un rebond d'une précédente relation professionnelle un peu trop corsée.
Mes employés ont l'air de bien m'aimer.
Je les aimes bien aussi.
C'est pas tellement ça le problème.
Je pleurais parce que depuis quelques jours, j'ai réalisé que les jobs qui semblaient m'aimer, étaient pas mal tout le temps en chute libre.
Une question de temps avant qu'elles meurent.
Je pleurais parce que j'ai ben réalisé que j'étais pas mal tout le temps un dernier choix.
Pis je sais pas qu'est-ce qu'il faut que j'en comprenne.
Je sais pas si c'est comme la petite fille qui aime tellement jouer au volley-ball mais qui est tout le temps prise en dernier parce qu'elle n'est pas aussi bonne que ce qu'elle pense.
Je sais pas si c'est comme la petite fille qui aime tellement jouer au hockey, mais que ark, c't'une fille, on prend pas de filles dans notre équipe.
Je sais pas si c'est comme l'osti de bonne joueuse de badminton que personne veut jouer avec parce qu'iels savent qu'iels vont se faire smasher la face solide.
Je suis peut-être aussi juste la gossante qui joue au soccer et qui se garoche par terre en simulant une douleur terrible alors que l'adversaire lui a juste frôlé l'épaule.
Je le sais pas.
Mais j't'un peu fatiguée d'avoir l'impression d'être la personne qu'on prend dans sa team quand le bateau est en train de couler.
J'ai jamais construit ça, un bateau.
J'ai jamais conduit ça, un bateau.
Je suis un peu rendue à plutôt avoir envie de prendre un ferry pour admirer la vue de la côte pis de prendre une couple de photos.
Je suis un peu rendue à vouloir faire du sport juste pour le fun avec du monde qui ont envie de juste avoir du fun aussi.
Je suis un peu rendue à avoir envie d'être juste une option.
Frite ou salade.
Frite ou poutine, ça c'est 4$ de plus.
Poutine vegan, poutine régulière, extra bacon?
Ce midi je pleurais dans la cuisinette,
parce que j'étais tannée de me sentir comme la dernière collation de la machine distributrice de la Sépaq après une randonnée de 15 km en montagne pis que t'avais juste une pomme à manger pis que tu voulais pas casser ton jeûne intermittent du matin.
Je pleurais dans la cuisinette,
En me demandant si la dernière collation de la machine était une barre Vega à 14g de protéines, une barre tendre quaker qui bourre pas pantoute, ou un paquet de gomme.
Je pleurais dans la cuisinette,
Et je me disais qu'au final, c'était peut-être moi qui avait pas mal faim.
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