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Punch dans'yeule

 Il y a de ces compliments qui font l'effet complètement inverse. 

Qu'au lieu de faire du bien, il donnent envie de courir loin, loin, loin, de se mettre en petite boule et de pleurer jusqu'à ce que nos yeux soient aussi enflés que ceux d'Éric Lapointe. 

(Salut, Éric! :P ) 

***

On est vendredi soir. Aucune amie n'était dispo pour un apéro, et donc, en sortant de l'épicerie, j'ai décidé de me gâter. D'aller dans un "vrai" resto. 

Faque je m'installe et tout et je m'apprête à terminer la lecture de "La vie en gros" de mon ami, Mickaël Bergeron. 

Le livre est vraiment bon, btw. C'était touchant, ça m'a fait l'effet d'une claque dans face (pas tout de suite, le punch dans'yeule!) j'ai réalisé tous mes biais concernant la grossophobie et la diversité corporelle, j'ai pu m'associer à pleins d'expérience qu'il a vécu... sérieusement un ouvrage solide. 

Faque ma vie va bon train sur ma p'tite terrasse de resto cher, à boire du bon vin et à rédiger une petite critique perso sur Instagram. 

Pis là, tsé, Mick vient me jaser. 

***

Il avait déjà écrit là dessus, précédemment, les compliments, comment il sentait qu'on lui donnait une grosse roche pis qu'il savait jamais trop quoi faire avec. Je l'ai même cité ici même, je pense. 

***

Faque tsé, il vient me dire qu'il est super touché par mon p'tit message pis toute, pis là il me dit qu'il me trouve full intelligente pis... gentille. 

C'est con, hein?

Tu te fait dire que t'es gentille pis subitement, il fait plus froid sur la terrasse, tu te sens vraiment seule, la bouffe goûte moins bon pis t'as pu envie de boire ton vin. 

Parce que quelqu'un te trouve gentille. 

Je réponds: 

"Je ne sais pas. Je n'ai aucune conception de ce que peut être une personne gentille. Seulement une préconception. Et je pense que c'est variable selon les gens, aussi." 

Pis je vire ça à la blague. 

***

Il  y a de ces phrases qui te marquent pour toujours je pense. 

Je pense qu'elles marquent parce qu'elles viennent des personnes à qui tu fais confiance en premier dans ta vie: tes parents. 

*** 

Monsieur D est passé chez moi cette semaine. 

Alors qu'ils se rhabillait (pas de mauvaise blague avec le D, bitch, please) je lui ai demandé c'était quoi les cicatrices qu'il avait à l'épaule. 

Il m'a raconté qu'il faisait de l'acné inflammatoire grave quand il était jeune. Il en faisait pas mal juste dans cette zone là et il se considérait chanceux de ne jamais en avoir eu au visage (parce que j'te jure que c'est pas de la petite cicatrice d'acné, en passant, j'étais certaine qu'il allait me raconter une histoire de brûlure). Que c'était pas beau à voir. Pis qu'un moment donné, une fois, juste une fois, là, sa mère lui a dit "Remet ton gilet, c'est dégueulasse". 

À s'en rappelle probablement même pas. 

Parce que les phrases qui font le plus mal, c'est celles qui sont dites "juste de même". 

Une nonchalance, une normalité dans le ton, qui t'atteint dans le plus profond de ton toi. 

Bref, ça été assez pour qu'il l'enlève pu jamais, son gilet. 

Pour que même son ex avec qui il avait été 6 ans, elle n'ait à peine vu son dos. 

Même si il reste plus rien. 

Il reste plus rien de cet événement là de sa vie. 

C'est ironique à dire, mais il en reste juste des cicatrices. 

Mais c'est juste qu'il y en a une qui a pris pas mal plus de temps que les autres à guérir. 

Étonnamment, celle-là n'est pas physique. 

***

Mick raconte dans son livre, une couple d'affaires sur ses parents.

Le chapitre où il se demande si sont père le trouve beau, suite à des commentaires, justement, "dit de même" m'a touché. 

***

La phrase qui m'a le plus atteint de mes parents est probablement "On l'sait ben! Toi, t'es pas capable de vivre avec le monde". 

Elle varie, au fil du temps. 

Maintenant, c'est "Nancy, soit gentille". 

C'est tout le temps dans des moments où tout devient n'importe quoi pis que je m'affirme. 

Que ça vire bien ou moins bien. 

Je me souviens que j'avais trouvé ironique que ma mère soit "de mon bord" quand j'ai reviré de bord un journaliste de la Gazette qui me contactait pour ressasser mon histoire d'attaque de Pitt Bull une couple d'années après l'incident. 

Je m'attendais au fatal "Tu sais pas vivre avec le monde". 

Mais non, elle semblait genre... fière.


Au final, ils l'ont dit/le disent pas si souvent.  

Mais à chaque fois... Quand ça ressort encore... 

Parce que je dis à ma soeur de fermer son micro en vidéo conférence familial pour qu'on puisse s'entendre parler. 

Parce que je dis à un serveur que son service était bon, mais qu'il était peu présent (la variante ici avait été: "J'irai pu jamais au restaurant avec toi")

Parce que fais seulement valoir mon droit du gros bon sens, même si ça heurte les gens. 

Même à ma tentative de suicide, en sortant de l'hôpital, au resto, ils m'ont dit qu'eux aussi avaient des "problèmes" avec leurs collègues, mais que tsé, eux ils étaient capables d'endurer ça (ce qui est une autre variante de la même phrase, au final). 

Je tins à dire que mes parents m'ont donné beaucoup d'autres choses. Ils m'ont donné de l'amour comme eux étaient capable de le donner. 

Comme tous les parents sont capable de le donner. 

Pis que Dieu sait qu'on aime tous tout croche. 

***

Je sais que mes parents m'aiment. 

Je sais qu'ils ont donné leur max. 

Mais je ne sais pas si je suis gentille. 

Souvent, j'en doute. 

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