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Amour-propre


Cher Monsieur J.,


Je ne sais pas, j'ai en tête que ça va te gosser, mais je m'excuse encore.

Je ne sentais pas de connexion entre nous dans notre entente. Je te sentais distant. Voire même faux.
En fait, j'avais l'impression que tu ne parlais pas de comment tu te sentais, et ça me mettais mal à l'aise, car je n'avais aucune idée de qui tu étais.

Mon ex disait que j'avais un problème avec l'amour de moi-même, et que ça m'empêchait d'être aimée.
C'est vrai. J'ai la chienne d'être aimée, appréciée.
Dans ma tête ça ne se peut pas.
Si quelqu'un m'aime, c'est qu'il y a un problème à quelque part.

Faque toutes ces fausses impressions là que j'ai de moi, de toi, je te les ai crissées dans face.

Bang.

Pis je pense que je l'ai fait parce que mes émotions outrepassaient largement les simples jeux coquins auxquels nous nous adonions.
Toute scrapper d'avance, pour ne pas avoir à subir cette fin fatidique.
En être une actrice plutôt qu'une spectatrice.
Ça me donne l'impression d'avoir du contrôle.

L'ironie, c'est que j'ai de la peine quand même.
L'ironie, c'est que je réalise bien qu'à part le contrôle de toute scrapper jusqu'à moelle, j'ai le contrôle sur fuck all.

Donc ça aura résolu quoi au final?

Rien.

Juste de la culpabilité supplémentaire par dessus mon manque d'amour-propre.
Juste de la culpabilité, par dessus mes contradictions.
Je veux que tu m'aimes, mais je veux que tu me déteste.
Aimes-moi, mais de loin.
Aimes-moi juste assez pour pas que je m'attache.

Viens me voir à Québec, et j'annulerai nos rendez-vous.
Viens me voir, dans ma ville, et dans l'excitation de te voir, j'aurai peur que tu t'attaches, toi.

Et tout ça, tous ces détours, pour éviter de te le dire.
Pour éviter de me l'avouer.

Que je suis amoureuse de toi.

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