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Justicière

En "date" avec un dude rencontré sur Bumble.

Ben sympathique.

Mais il posait beaucoup de questions.

Assez pour que je me sente inadéquate, même si je pense que fondamentalement c'était plus de la curiosité.

Je ne sais plus pourquoi il m'a dit ça, mais ça a sorti comme :

"Toi tu doit être le genre à dénoncer l'injustice haut et fort?"

Moi: "Oui, quand même"

Lui: "Mais qu'est-ce que ça donne? Les gens ne changeront pas d'avis de même parce que tu leur remet sur le nez!"


Sur le coup je me suis dit "Oui, c'est vrai...", surtout que j'ai récemment essuyé les conséquences de mon tempérament dénonciateur professionnellement.

Pis quelques jours après, ça me chicotait.

Parce que c'est arrivé, une fois, que j'avais appelé le centre de crise à cause que j'étais en panique suite à une injustice, et que la madame à l'autre bout du fil m'a dit combien c'était mon attitude qui me causait préjudice et qu'au prochain commentaire sexiste concernant ma capacité à manipuler des outils je "n'avais qu'à dire": "Ben moi je ne trouve ça pas drôle." (Donner un ton de fille fucking naïve et niaiseuse)

J'ai pété une esti de coche à la madame.

Elle n'a pas aidé à ma crise.



Dans tous les cas, je pense que le silence est l'avantage de personnes n'ayant pas à confronter l'injustice.

Si pour toi, recevoir une blague sur tes capacités à soulever une certaine charge basée sur ton appareil génital se fait une fois aux 10 ans, ben c'est peut-être bien normal que ça te dérange moins qu'une personne qui doit supporter ça régulièrement.


Si tu as le luxe de pouvoir volontairement te taire devant l'injustice,  c'est que tu n'en vis pas, ou rarement.
Et c'est pas super correct de remettre ton luxe sur le nez des gens qui se battent pour que ça cesse.
Parce que quand on y pense, dans le fond, tu y collabore, alors.

Tsé, quand les monsieurs me félicitaient d'être "donc ben bonne pour conduire un lift" comme si j'étais un enfant de 5 ans qui faisait des beaux dessins, c'est certain que quand je les regarde de travers en leur mentionnant que leur commentaire est infantilisant, ils vont être frus.
Parce que tsé, la madame était pas une gentille fifille qui sourie niaisement en se pâmant d'avoir reçu un compliment, tsé.

Mais la prochaine fois qu'ils vont en voir une autre fille qui conduit un lift, ils vont peut-être réfléchir à deux fois avant de dire un compliment impertinent, se rappelant que la dernière fois ça été mal reçu.

Parce que si on y pense, il y a un monde de différence entre
"T'es donc ben bonne pour conduire un lift" (Quand je sais pertinemment que mes talents ne dépassent pas la moyenne) VS "Je trouve ça vraiment cool de voir de plus en plus de filles prendre leur permis de lift!"

Peut-être que ça va juste les frustrer aussi.à

Mais croyant au gros bon sens, je pense que si on signifie l'injustice correctement (#selftonepolicing), malgré la friction immédiate, elle peut amener à des résultats sur le long terme.
Parce que je sais que ça doit être dur à comprendre, mais le long terme est souvent plus important que de juste protéger ma petite personne dans l'immédiat.

Pis tsé, avant de questionner la pertinence de la dénonciation de l'injustice, allons-y donc avec l'extrême:
Et si Martin Luther King s'était tu pour le droit des noirs?
Et si des femmes n'étaient pas allées en prison pour avoir le droit de vote?

On s'entends qu'ils ont dû regretter bien des moments de leur vie.

Mais ça a porté fruit.

Et sans me comparer à eux, et sachant que oui, je dois travailler à mieux communiquer mes frustrations pour plus n'en payer le prix, je préfère l'inconfort de la dénonciation que le confort de mon privilège du silence.


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