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Le masque (la suite)

J'écrivais sur facebook, en commentaire, combien il était pertinent de réfléchir à pourquoi on prend certaines habitudes relatives à notre apparence physique.

Et je me suis trouvé une bien mauvaise menteuse dans mes justifications.


Depuis que je suis arrivée au secondaire que je me maquille.

Même au primaire, je mettais du "Ace of Base" dans l'piton, avec un vieux "Filles d'aujourd'hui" de ma soeur aînée et je tentais de répliquer ce que je voyais sur ma face.

Essayer de me maquiller avec des crayons à colorier, je l'ai fait.

Mes lignes noires au dessus des yeux, je ne sais même plus depuis quand je les fait. Elles font parti de moi, Je me sens akward quand elles ne sont pas là.


Ça arrive des fois que la couche coloré que j'étends pendant 10 minutes chaque matin me serve de "statement". Surtout quand je travaillais au montage d'expo, où (ce que les gens savent pas) on démolit et construit l'équivalent d'une maison au complet en dedans d'à peine 2 semaines.
Conduire mon ciseau-lift avec ma couche de make up, ça me rendait fière.

"Mon intérêt à me maquiller n'est pas un gage de frivolité, et encore moins que je ne suis pas capable de faire un job de gars" que je déclare, par ce fond de teint, ces fards, cet eye-liner et ce mascara en "drillant" des vis du haut de mon ciseau-lift pis en tenant à bout de bras des 16 pieds de 2X4.

Généralement les dudes (externes, à l'internes sont un peu plus habitués) me parlent comme si j'étais une enfant de 5 ans :"Heille! T'es bonne!".

Ouais, c'est pas parce que tu te maquille beaucoup que ça veut dire que t'es destinée à travailler comme caissière dans les cosmétiques chez Jean Coutu. Tu peux être plombière, couleuse de béton, docteure ou whatever. Si du monde diminuent tes compétences par rapport à l'épaisseur de ta couche de Mary Kay, ils savent pas ce qu'ils manquent. (Et tu peux les envoyer promener aussi, btw).



J'avoue aimer ça aussi, c'est un petit rituel le matin, choisir minutieusement la couleur que je vais appliquer, celle qui représente le mieux comment je me sens, ou qui fite juste avec mon linge du jour.
Tout est toujours fait dans un ordre précis, relevant du rituel liturgique:

Applique le cache-cerne au pinceau.
Applique le fond de teint. Un point au front, au nez, au menton. Trois points sous les yeux et étends nonchalament le reste sur les joues. Mouille l'éponge à fond de teint et étends le tout.
D'un mouvement circulaire, je charge l'immense pinceau de poudre matifiante.
Je l'applique d'abord sur le nez, le front, et "freestyle" sur le reste.  Attention, faut faire attention aux amas!
Brosse les sourcils, les défini au crayons. Rebrosse pour un air plus naturel.
Poudre iridescente en haut des pommette avec le pinceau dédié à la tâche. Fard à joue en bas.
Couleur foncée sur l'os de l'orbite appliqué au doigt. Couleur pâle sur le reste de la paupière et sous l'arcade sourcillière au pinceau.
Eyeliner. Essais de faire en sorte que l'asymétrie de mes yeux ne paraisse pas trop.
Mascara.
Dernier regard.
Retouche.
OK.



Mais ça serait mentir de ne pas dire que c'est principalement mon masque.
Que quand j'en ai pas, je me sens non seulement fucking laide, mais vraiment vulnérable.

Derrière ma couche de Physician Formula CC cream ivoire, tu ne vois pas ma fatigue.
Derrière mon épais trait d'eye liner charbon Clarins, je peux jouer une game.
Derrière mon rouge à lèvre rouge iridescent Lise Watier, tu ne peux pas me toucher, ni t'approcher.

Quand je porte mon maquillage, je ne peux pas pleurer.
Je cache ma vulnérabilité derrière le prétexte que je ne veux pas faire couler mon mascara.
Et ça semble suffisant pour mon précieux inconscient.


Ça serait faux de seulement dire que je me maquille pour ces messieurs, ou parce que j'aime pas ma face.

Mon make up, c'est ma citadelle.

Et je ne sais pas si c'est une bonne chose.





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