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Post Mortem

Une amie m'a appelée la semaine passée.

Elle était dans un état de détresse.

Tannée d'avoir des "idées noires", comme diraient les psy (expression qui me donne tout le temps l'impression qu'on parle à un enfant de 5 ans. Fuck man, j'ai des idées suicidaires, peut-on appeler un chat un chat, sti?).


Pis ce soir, en me brossant fièrement les dents avec ma poudre dentaire au charbon (pour rester dans le thème du "noir" ;) ), j'ai repensé à moi. À ce que j'ai vécu.

Tsé, moi aussi, j'y repense souvent.
Surtout dans le métro à Montréal.

Je me dis tout le temps que ça serait si facile. Il n'y a pas de barrière, rien.
Juste un train qui arrive vraiment vite.

Je la vois, ma cervelle écrasée partout sur la voie. Je sens que je ne ressent plus rien.
Tu n'as pas idée comment ça fait du bien, de penser à ne plus rien ressentir.

Puis j'embarque dans le wagon, et me dirige vers un endroit quelconque, passer d'excellents moments.

Ça dure à peine quelques fractions de secondes.
Ça part en moins que ça.



Mais ça ne me dérange plus.

Parce que je sais que quelque part, au même moment, il y a quelqu'un qui pense la même affaire.

Pis que c'est normal.
Pis que c'est correct.

Faut "juste" trouver la personne qui n'aura pas peur d'en parler avec toi.
Qui te diras pas un argument de marde comme "non mais la vie c'est tellement impoooooortaaaaaaaant!"
Pis que tu demandes "ok, pourquoi?"
Pis que tu as droit à une réponse de marde du genre "Ben parce que!" ou "Tsé ça va passer là, tu peux pas mourir!!!!"
Ma souffrance est là et est réelle. Être heureux.se n'existe plus depuis un bon bout de temps quand t'es rendu là.
La volonté de mourir c'est quelque chose qui se construit, ça arrive pas du jour au lendemain.
Ça se construit parce que des gens en qui on avait confiance n'ont pas su écouter notre souffrance.
Tsé, comme la fois ou on t'a répondu "Non, ça ne vas pas" pis que tout ce que t'as trouvé à redire c'est "ben non, ça va passer!!!". Tu n'as pas été écouté.

Bref, je ne ferai pas le procès de toutes ces personnes là.

Tu vas finir par la trouver, cette personne qui comprends ce que tu ressens, pis qui te dis "ça va, j'ai déjà eu le même feeling". Celle qui te donneras pas l'impression que t'es fucking ackward à vouloir mettre fin à tes jours. Celle qui ne sera pas gênée de t'en parler. D'en parler. De fermer sa gueule et d'écouter.

J'aurai dû faire 2 thérapies de groupe pour le comprendre.
Que je suis normale. Que je suis correcte. Que mes sentiments sont valables. Que mes réactions sont valables. Qu'à quelque part, il y plein de monde qui vivent la même affaire que moi.

Tsé, le service de psychiatrie n'a pas été inventé pour toi seul. Ni le centre d'appel de gestion de crise, ni tous les esti de services de santé mentale qui existent.

Ils ont pas vu pire, pas moins pire.
Juste pleins d'humains.
Tous différents et pareils à la fois.

Avec mon amie, une phrase a été dite. De quoi comme: "qu'on dirait qu'une fois que tu y as déjà pensé, ça revient tout le temps".

C'est vrai.

J'y repense tout le temps.

Et je sais encore que si je meurs demain, je serai remplaçable. (Tsé, quand tu es nihiliste.)

Mais bon, quand le métro de Montréal arrive vraiment vite, que je me rappelle quelle est la dose mortelle de somnifères pour moi, que je me dis que cette dose additionnée d'un métro sur le corps donnerait une mort pas trop souffrante pis qu'au final, ça serait pas si grave pour l'humanité, ben je regarde tout le monde devant moi qui rentrent dans le métro. Pis je me dis que si mettons j'avais de quoi de vraiment cool de prévu pis qu'une esti de conne se crisserait devant le métro bloquant ainsi la ligne pour le restant de la journée, je serais en tabarnac.

1. J'ai pas envie que Saint-Pierre me juge trop conne pour entrer au paradis parce que j'ai bloqué une ligne de métro because of my selfishness

2. J'ai pas envie d'être une fille chiante pour les autres

3. J'ai jamais regretté de ne pas avoir sauté devant le métro. Ce qui m'attendais au bout de la ligne en a toujours beaucoup plus valu la peine. Même après ma tentative de suicide, tout en a tellement valu la peine ensuite. J'échangerai ma vie actuelle pour rien au monde. Je dis pas que ça été facile. C'est rough en criss. Mais même si la "ride" a été rough, la destination a été assez amazing pour que je me sente prête à affronter d'autres voyages de même.

Faque j'accepte cette pensée.
J'accepte que c'est juste une pensée. Qu'elle ne me définie pas. Qu'elle ne fait pas de moi quelqu'un "d'anormale", de "brisée" ou de "négative".

Je sympathise pour tout ceux dans cette station qui ne se doutent même pas qu'une seconde avant, moi aussi je voulais sauter devant le métro, comme eux.

Pis je prends le métro jusqu'à ma station.



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