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Are you talking to me?

Je suis dans un salon de thé avec une date Tinder.

First time we meet.

Déjà 20 minutes qu'il me parle de son projet d'enseignement du yoga aux militaires. Projet super intéressant, mais ça fait quand même 20 minutes qu'il en parle, non-stop.

Et puis soudain, révélation;

Lui: But you know, I'm there talking and talking about my stuff, but you? What do you do?


Mon cerveau: "Heu... c'est parce que j'avais prévu le coup mais abandonné l'idée puisque ça semblait être un monologue éternel... Heu... Qu'est-ce que je dis?"


Moi: Well hummmm, I am a museum technician at the MNBAQ, I also dance, paint, studying creative projects management and I've just come out of a big student project that happened at Musée d'art contemporain des Laurentides that I've organized with other girls.

Lui: Oh! Very interesting!





***Silence***





Moi: Soooooo, you were in the navy, what happened?




Monologue.


Reviens sur son projet d'enseignement du yoga.


Je le juge parce qu'il fait du yoga seulement depuis 2 ans et je commence à comprendre clairement qu'il n'a aucune idée du fondement initial de la discipline.
Stéréotype du gars qui est comme: "ha, moi je suis tellement mindfulness parce que je médite à tous les jours et je suis un cours d'enseignement du yoga!" (parce que tsé, c'est juste ça le yoga, come on!)



La conversation a plusieurs silences, parce qu'il ne sait définitivement pas comment orienter une conversation.

Quand il me pose des questions, il ne tente pas d'en savoir plus sur mes réponses.

Et quand il le fait, c'est pour revenir sur ses projets et sa vie à lui.


Vers la fin ça va un peu mieux parce qu'on parle de la langue française, sujet qui n'aborde directement ni l'un ni l'autre.


Lui: Sooooo, are you usually available on evenings?


Moi: Hummmm... well it depends, sometimes I am. But my agenda fills up quickly. (Dans ma tête c'est une manière polie et indirecte ---parce qu'on me reproche souvent d'être trop directe--- , mais claire, de lui dire "pas tellement, dude"...)

Sors dehors, moment weird que je n'aime pas parce que j'ai la chienne que cet individu tente de m'embrasser et que j'aille à le repousser et à me justifier.



Heureusement, ça n'arrive pas, et je marche jusque chez moi, lessivée d'avoir reçu, reçu, reçu, sans jamais avoir pu donner en retour.


J'arrive chez moi et décompresse en déconnant avec un ami, sur tout et sur rien. Juste un échange, de paroles complètement ridicules et absurdes, mais qu'au moins, on se relance l'un et l'autre, on reprends la blague de l'un pour l'amplifier jusqu'au point où plus rien n'a de sens.

Mais au moins, c'est un échange.

Nous nous parlons.

Nous échangeons, donnons, recevons.



Et malgré le fait que je suis une personne très verbo-motrice "avec un vocabulaire coloré", pour reprendre les propos de certains, ma liste de monologue reçus est longue.

Dans un lift Qc-Mtl aller-retour, ou oui, les propos du dude sont intéressants, mais que il n'y a eu de places que pour mes questions concernant ses propres propos. Pas pour mes projets, ni mes pensées. Que les questions qui m'étaient offertes n'étaient que des questions fermées.

Dans un de ces fameux appels avec un certain membre ma famille, où je passe 30 minutes à entendre parler de gens que je connais à peine, et qu'après que je n'aille plus aucune énergie mentale pour ni recevoir, ni donner, on coupe tout pour me demander "Pis toi?", comme si j'allais commencer une grande tirade énergique sur mes projets.


C'est dommage, parce qu'écouter c'est vraiment l'fun.


Et je ne peux m'empêcher de me poser cette question, quand je sors d'une rencontre où je suis épuisée d'avoir trop écouté.


Who you're talking to?



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