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Alcoolémie

Il y a un défi sans alcool en Février. Puisque ça me tente pas de poursuivre l'écriture de mon travail d'études, j'ai décidé de vous écrire plutôt sur un événement, impliquant de l'alcool qui me dégueule encore pis que j'ai hâte qu'il passe.

J'étais dans une soirée, dans un restaurant, avec du monde que je connaissais, d'autres pas. Dans mon cas, j'ai bu 2 verres de vins, qu'on m'avait offert. Des fois ça me manque de boire sans penser à "l'après". Tsé juste avoir ce p'tit feeling qui te fait rire juste un peu plus que d'habitude, qui t'enlève tes inhibitions.

Mais bon, je sais que même 2 p'tits verres vont faire en sorte que je vais me réveiller au milieu de la nuit, sans pouvoir me rendormir, avec des palpitations pis tellement recouverte de sueur que je vais presque en avoir peur de mourir séchée dans mon lit parce que tous mes fluides se sont évaporés à travers les draps.
Non, physiquement parlant, l'alcool, ça ne me fait pas.

Bref, c'était ben l'fun.

Pis là on a vu que t'avais pas l'air bien. Tu avais l'air confuse.

Tu es venue t'asseoir à côté de moi. Je t'ai demandé si ça allait. T'étais tellement pass out que t'étais plus capable de parler. Tu me pointais de quoi, je ne comprenais pas quoi, je me suis mise à nommer tout ce que tu pouvais potentiellement me montrer. Évidemment, rien ne correspondait. Ça te frustrait, mais tu pouvais rien me dire.

Pis là, je ne sais pas trop pourquoi ni comment, mais tu t'es levée. Évidemment, tu ne tenais plus debout non plus. Faque je t'ai retenue, pis finalement ça a fini en gros colleux de la muerte. Je me souviens de ton souffle dans mon cou. N'étant pas la fille appréciant le plus la proximité physique (surtout avec du monde que j'apprécie et connait juste correct) ça me dégueulait un peu. Pis je me souviens de combien t'étais genre, molle. Pas de tonus, "pas de colonne" comme diraient certains vieux. Même ton souffle était molasson. Humide. Chaud. Sans grande envie de vivre, pourrais-je dire, vu qu'il semblait entrer et sortir au compte-goutte.

Pis là tu m'as regardée, avec tes yeux qui partaient tels des yeux de perdrix sur le bord de se faire abattre pendant la saison de la chasse. Un oeil qui regarde d'un côté de ma tête, l'autre je ne sais pas trop où. Ce regard de monde trop saouls, que j'ai vu trop souvent à mon comptoir de vestiaire dans la salle communautaire du carnaval de Saint-Edmond-les-Plaines.

"J't'aaaaiiiime!!!" Que tu m'as dit de ton ton de voix sans grande vigueur et désarticulé. De ces lèvres jadis teintés de rouge à lèvre rose pimpant un peu étendu maintenant, ayant plutôt viré au "rose pas sûr".
Tu me regardais encore avec tes yeux de perdrix, une perdrix comme toute les autres, un peu conne et stupide mais un brin attachant.

Pis il y a eu un moment malaisant, celui où je me demande "Fuck, à vas-tu me frencher?" Pis que je sais pas trop quoi faire, avec ce restant de fille trop saoule pour se tenir debout, pour tenir une conversation, pour avoir les deux yeux qui focussent sur la même affaire.
Non seulement ça, mais le doute aussi; me dis-tu que tu m'aimes parce que tu caches bien la chose derrière tes selfies sur instagram que je trouve particulièrement impertinents, ou t'es juste vraiment trop saoule pis que tu veux scorer à soir, peu importe avec qui?

Faque je t'ai répondu "Moi aussi je t'aime" avec un esti de grand sourire qui tente désespérément d'être sincère et ma face bien éloignée de la tienne, en espérant que tu comprenne bien que je veux dire de quoi du genre "Ben oui, c'est ça, buddy!"

Pis tu m'as recollée, en te mettant encore ta tête pleine d'idées pas construites dans le creux de mon cou, en me soufflant encore ton haleine à l'arôme un peu sûr de l'alcool mélangé à ta salive. J'ai commencé à demander aux gens autour si quelqu'un allait s'occuper de toi. On m'a dit oui. J'étais inquiète, parce que j'estimais que t'étais pas mal propice à mourir d'un coma éthylique dans un banc de neige brun dans les rues de Saint-Roch.

Je suis partie pas longtemps après. Plein de monde ont dû te surveiller, veiller sur ton bien-être, un bien-être auquel tu ne tiens probablement pas, puisque je considère qu'une personne qui se respecte ne se rend pas jusque là. Ou que tu te fous aussi du bien-être des autres, puisque telle une enfant, ils doivent maintenant sacrifier leur plaisir pour veiller à ta sécurité, parce que tu n'as pas semblé assez mature pour y veiller toi-même.

Et depuis ce jour là, il y a quelque chose que j'ai perdu pour toi.

Mon respect.

Je pense encore à ton souffle, faible, chaud, humide, collant, indésiré, dans mon cou, et me le laver frénétiquement avec le savon ne sera jamais assez pour faire partir ce souvenir là.
Mon corps se souvient encore de la molesse du tiens. Combien tes muscles ne servaient plus à rien, combien ils n'aidaient même pas mes mains pour te retenir. Un peu comme un gâteau des anges; juste de l'air, pas de corps, pas de matière. Juste du sucre pis du gras. Rien de bon.

Je ne comprendrai peut-être jamais pourquoi ce moment là m'a autant traumatisée.

Parce que là, j'espère juste ne pas te recroiser. Jamais.

Le souvenir de toi me dégoûte beaucoup trop pour en avoir envie.

J'espère que dans ton cas, c'était assez l'fun d'être autant en état d'ébriété. Mais seulement, t'en souviens-tu?

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